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Un petit mot pour dire que toutes les histoires écrites ici sont des histoires vraies, rien n'est inventé.

vendredi 30 janvier 2015

Le jour où un cheval m’a menée par le bout du nez

A l’époque je montais en club. En arrivant dans la carrière je vois que la monitrice a posé quelques barres par terre, ça me semble étrange car elles ne sont alignées, pas centrées, dans l’axe de rien du tout. Je ne comprends pas quel exercice elle veut nous faire faire. A la fin de l’échauffement elle nous appelle et nous explique l’exercice : on va prendre la diagonale et changer de pied au galop. On doit profiter du fait que le cheval, pour passer la barre va faire un mini saut, cela nous laisse un peu de temps pour changer nos aides de la droite vers la gauche. Je sais que ça va être très difficile pour moi car on a très peu de temps pour changer de position ses jambes, son bassin, son poids du corps, ses mains et son regard.
Mon tour arrive je reste sereine, je sais que je n’y arriverai pas du premier coup, voire même pas du tout, ce n’est pas grave je suis là pour apprendre. Mon cheval y va franco, il coupe même un peu le fromage, fonce sur la barre, et change de pied !! Euh… je crois bien que je n’ai rien fait et qu’il l’a fait tout seul. Là j’ai une révélation : il a de l’expérience ce cheval dès qu’il a vu la position des barres par terre il a su ce qu’il fallait faire. C’est un cheval très bien dressé qui a déjà permis à des cavaliers de passer des diplôme très élevés, il a un sacré niveau. Il est aussi doux comme un agneau et fort comme une locomotive. On recommence quelques fois, à chaque fois il fait ça nickel, la monitrice me félicite, mais je sens bien que ma participation est minime, voire inexistante…
Lorsque la plupart des couples cavaliers-cheval y arrivent, elle nous demande de faire un cercle au galop avant d’aller sur la barre faire le changement de pied (le but est d’avoir un beau galop de qualité avant d’y aller). Quand mon tour arrive, je mets mon cheval au galop, j’entame mon cercle, j’ouvre bien ma main gauche, je regarde où je vais mais… voilà que ce fichu bourrin part à droite va sur la barre, change de pied, fait trois foulée de galop, puis passe au pas et va rejoindre ses copains… La monitrice me dit «  tu n’as pas bien écouté, tu devais faire un cercle avant d’y aller ». Euh… j’y crois pas le cheval a saboté l’exercice !! Quand tous les autres sont passés, c’est de nouveau notre tour, je raccourcie mes rênes, m’accroche bien pour le forcer à faire le cercle, mais avec toute la force et le calme d’un animal composé de 600 kg de muscles monté par une sauterelle ridicule il fonce sur la barre, fait son changement de pied et me ramène près des autres ! La monitrice me dit « tu as encore oublié le cercle ». On recommence encore deux fois de chaque coté, impossible de diriger cette force de la nature…
Maintenant on doit faire un cercle avant et un autre après. Bien sur, je suis bien incapable de forcer ce mastodonte à faire quoi que ce soit. La monitrice continue les remarques du genre « mais enfin fais l’exercice en entier », « tu n’es pas dispensée de faire les cercles , « écoute ce que je dis ».
Je ne lui ai jamais dit ce n’est pas moi, c’est lui qui me trimballe ca je suis sensée être maitre de mon cheval, elle m’aurait répondu « fais toi obéir ». Mais enfin même avec 6 élèves dans son cours, elle a forcément vu que j’essayais laborieusement de faire tourner ce cheval avec ma main hyper écartée, tirant de toutes mes maigres forces avec ma maigre technique…
Quelque chose a du m’échapper, peut être y a-t-il eu des clins d’œil entre le cheval et elle, tous les deux ravis de me voir abasourdie ?
Le cours aurait été plus intéressant pour moi si elle m’avait dit « quand un cheval puissant ne veut pas tourner voilà ce qu’il faut faire ». Je soupçonne avec le recul qu’elle savait parfaitement ce qu’il se passait mais qu’elle avait la flemme d’expliquer autre chose que ce qu’elle avait prévu.
Par la suite plusieurs animaux ont essayé de me mener par le bout du nez, mais aucun jamais n’a réussi avec la classe et l’efficacité de celui là, il faut reconnaitre que vu ses objectifs à lui il a été parfait !

Le cheval suspendu

Ce jour-là je suis en rando avec ma jument et des deux amis cavaliers. Ils ont deux juments de randonnée très expérimentées et très calmes. L’une d’elle est attachée à une branche horizontale plus haute qu’elle. Sa longe est juste assez longue pour qu’elle puisse mettre le nez par terre pour brouter : l’attache parfaite les risques de prises de longe sont très faibles. On mange et tout va bien.
Soudain la jument décide de se rouler, du coup dans cette position il y a risque de prise de longe, son cavalier se lève donc au cas où… et en effet en se roulant la jument passe un antérieur autour de la longe et se retrouve coincée. On se lève tous et on approche doucement. Ça peut être dangereux si la jument se débat quand on est à coté, elle peut nous blesser. Mais coup de chance elle arrête de se débattre dès qu’elle nous voit approcher. Elle se détend, arrête de bouger les jambes et laisse sa tête partir vers le sol. Comme la longe est toujours attachée et qu’elle fait le tour d’une de ses jambes, la tête de la jument reste suspendue au-dessus du sol par la longe.
On essaie d’aller détacher la longe mais comme le corps de la jument est sous le nœud, en se tenant un peu sur le côté aucun de nous n’est assez grand pour aller défaire le nœud. On décide donc de détacher la longe du couté de la tête de la jument puisque celle-ci ne bouge pas. Sauf qu’une fois le mousqueton ouvert, à cause de sa forme de crochet, il faut pouvoir faire remonter un peu l’anneau du licol pour le sortir, et même s’il n’y a que 5 mm à parcourir avec la jument qui pèse de tout son poids ce n’est pas facile. Au final on doit se mettre à deux pour porter la tête (c’est vachement lourd) en douceur, pendant que l’autre fait sortir l’anneau du mousqueton. Lorsque c’est finit on pause délicatement la tête de la jument au sol et on s’écarte, elle se relève tranquillement et va brouter.
Tout ça pour dire que même dans de très bonnes conditions il peut y avoir des problèmes, on a eu vraiment beaucoup de chance que cette jument se comporte aussi bien. Un grand bravo à son cavalier car la façon dont un cheval régit en situation de crise dépend en grande partie de ce que son propriétaire lui a appris.

samedi 17 janvier 2015

Le cheval de la nature

C’était à l’époque où je montais en club. Je prépare mon cheval, quand un « troupeau » de petites filles (à vue de nez de 6 ou 8 ans) arrivent. Elles sont assez excitées et me racontent le cours d’obstacles qu’elles ont eu deux heures plus tôt. L’une d’elle me dit alors que son cheval a « escaladé » l’obstacle au lieu de le sauter. Je suis surprise et je lui fais répéter, elle me dit à nouveau « escalader ».
Elle voit que je ne comprends pas et commence un mime : « au lieu de sauter », elle me montre en mettant ses deux bras devant elle et fait un petit bond pieds joints, « il a escaladé » elle monte son bras droit et son genou gauche, puis monte son bras gauche et son genou droit. Là je comprends très bien son geste, le cheval qui devait arriver au trot a enjambé la barre. Mais c’est vrai qu’à travers son mime avec les bras on peut presque comprendre qu’elle ait pu penser à de l’escalade.
Bref, j’ai compris ce qu’elle me disait, mais elle semble assez perplexe que son cheval ait fait ça. Du coup je lui explique : « Tu sais dans la nature les chevaux sautent très peu, s’ils doivent franchir un obstacle ils font au plus simple. S’il suffit de l’enjamber ils ne vont pas faire un énorme saut », elle me regarde droit dans les yeux et me dit « Ha bon, celui-là c’est un cheval qui vient de la nature ? »… Oh purée dans quoi je me suis fourrée moi… je regarde autour de moi, mais bizarrement les monitrices et les mamans ont toutes des trucs très importants à faire et je me retrouve seule face à cinq paires de grands yeux innocents qui me fixent. Flippant !
Ma réponse a été un truc du genre « Oui… alors…hum… Pour toi ils viennent d’où les chevaux ? Les abeilles les fleurs ça te parle ? Non parce qu’après tout c’est quoi qu’on appelle la nature… enfin je veux dire… Tu vois ? Non tu vois pas… La nature, en fait je parlais de son instinct, son hérédité, non laisse tomber c’est trop compliqué…euh …euh… OUI il vient de la nature ce cheval. Excuse moi je suis en retard j’y vais »
Ben oui ça m’a fait flipper ces 10 grands yeux fixés sur moi au milieu des boucles blondes et des barrettes roses.

Ça m’a rappelé la fois où bien plus jeune je lisais un BD, style Tintin, tranquille dans mon coin. Mes tous jeunes cousins étaient venus s’assoir avec moi et m’avaient demandé de leur lire. Je leur avais proposé d’aller leur chercher un de leurs livres, plus adaptés à leur âge, mais non ils voulaient celui-là. Je posais donc le doigt sur l’image où j’étais et je lisais les bulles à voix haute.
A un moment l’un d’eux m’interrompt et me dit « c’est quoi ça ? » en me montrant une petite statuette en bois. Et moi comme une grande naïve inexpérimentée que je suis-je lui réponds « C’est leur Dieu », et là il me demande « c’est quoi un Dieu ? ». Et là grosse panique !! Je leur dis « tu ne veux pas qu’on demande à ta maman ? », il me répond « ben non pourquoi ? Tu sais pas ? ». Je bafouille une réponse en espérant ne pas choquer la culture de leurs parents que j’imagine athées ou déistes. Je vois dans leurs yeux qu’ils n’ont rien compris à ce que j’ai dit… Mais heureusement ils sont à un âge où il y a plein de choses qu’ils ne comprennent pas, alors ils haussent les épaules, me montrent l’image suivante et me disent « lis la suite ». Ouf sauvée…