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Un petit mot pour dire que toutes les histoires écrites ici sont des histoires vraies, rien n'est inventé.

mardi 24 juin 2014

Achat de mon cheval : 6° partie

Ma jument
Il restait donc une annonce à laquelle je n’avais pas répondu, une jument grise vendue par des gens… qui me font froid dans le dos. Quand j’avais environ 17 ans je montais dans une ferme équestre sympathique. Des amies de lycée m’ont dit qu’elles allaient faire un stage d’une semaine dans un autre club, j’ai demandé à mes parents s’ils pouvaient me le payer, ils ont accepté. J’ai découvert là bas un autre monde, un monde où on n’aime pas les chevaux et où ça s’affiche clairement. Un cheval de 16 ans avait un coup de vieux et c’était clairement dit que s’il ne se bougeait pas il partait à l’abattoir. Ailleurs on peut essayer de les placer ces chevaux, ou au pire si on pense à les abattre on ne le crie pas sur tous les toits… A l’époque je devais bien peser plus de 50 kg, un après midi pendant le stage on part faire un trotting : deux heures de montée raide, tout au trot sans étrier, soit disant pour entretenir les chevaux et parfaire l’assiette des cavaliers, c’est tout aussi intelligent que de lâcher un skieur débutant dans une piste très raide avec des bosses et de lui dire « c’est comme ça qu’on progresse, démerde toi ». Ils m’avaient donné un poney d’environ 1m30. Après tout pourquoi pas, un poney entraîné, pas trop vieux et en bonne santé peut porter un adulte quelques temps. On m’avait aussi donné une cravache en me disant « il est fainéant ». Soit. On part, c’est vrai qu’il n’en rame pas une le poney, on se retrouver vite loin derrière. Au bout de 10 min je n’en peux plus je remets mes étiers, le poney et moi allons mieux, mais il traine toujours. Je m’énerve, je cravache, le poney ne réagit pas, alors j’arrête. Puis arrive une piste en herbe à plat, tous les chevaux devant moi partent volontiers au galop, mon poney panique de se retrouver seul mais semble incapable de prendre le galop. Là je me dis « Il n’est pas fainéant, il a un problème ce poney », j’arrête donc de m’énerver et je l’encourage en douceur. Arrivé enfin en haut on me fusille du regard car tout le monde à du m’attendre. On redescend. De retour au club je m’occupe du pauvre poney qui semble bien naze et un monsieur s’approche et me dit « il est drôlement gentil se poney n’est ce pas ? Déjà si brave alors qu’il n’a que 2 ans ». Là j’ai juste eu envie de rentrer chez moi pour pleurer. A cet âge cette pauvre bête n’aurait rien du faire d’autre que des promenades au pas de 15 minutes, avec pas plus de 25 kg sur le dos. J’en étais malade. J’ai entendu par la suite toutes sortes d’histoire bien horribles sur ce qui se passait là bas. Ils ont d’ailleurs arrêté d’être club, et quand on n’aime ni les gens, ni les chevaux, c’est mieux. Ils faisaient à présent pension et marchands de chevaux.
Bref je n’avais pas envie de les appeler pour l’annonce. L’amie qui m’a accompagné voir le pie de Savoie m’a incité à le faire. Elle m’a dit que s’ils avaient la réputation d’être des gens bornés et sans cœur, le commerce de chevaux était leur principal gagne pain, que si je disais que j’allais mettre le cheval à quelques kilomètre de chez eux ils feraient attention à ne pas me vendre n’importe quoi. Je me lance donc et j’appelle. Au téléphone la voix de la femme me glace le dos, une voix dure et autoritaire qui me rappelle l’époque du stage. Je prends rendez vous pour la jument grise.
Arrivé là bas, la femme vient m’accueillir, elle me dit qu’en même temps que moi une autre dame fera un essai pour une autre jument, elle nous emmènera toute les deux en balades. En préparant les juments je parle à l’autre cliente qui prépare une jument pie alezane. Elle me dit qu’elle a acheté ici un poney de sport à sa fille pour qu’il fasse de la compétition. Qu’il est en pension ici, et qu’il est demi papier. (Demi-papier ça n‘existe pas ou plus, ça veut dire qu’elle s’est faite avoir, le poney ne fera pas vraiment de la compétition). Maintenant elle veut aussi un cheval pour elle, elle voudrait un pie noir aux yeux bleus avec une logue crinière car elle aime peigner les crinières. Elle ne sait pas bien monter à cheval et a peur des chevaux.  En l’absence de la vendeuse je lui glisse que peut être ce qu’il lui faut c’est prendre un gentil vieux cheval en retraite, si elle aime faire des câlins et pas monter, elle n’est pas obliger de monter. Mais non elle veut un beau jeune cheval…
On va dans le manège pour monter, il y a nous deux, la vendeuse et une cavalière qui nous accompagne pour donner un coup de main. Je monte la jument, quand le me penche en avant pour vérifier la sangle pour régler mes étrier, elle réagit immédiatement, elle recule ou par en pas de coté. Elle est très, très vive ! Je me demande si c’est la jument qu’il me faut, je suis dans une phase où j’ai plutôt besoin d’être rassurée. La balade à quatre se passe plutôt bien pour moi, l’autre cliente est dans le doute et la peur. A un moment on se sépare, la vendeuse et l’autre cliente prenne la route et vont nous attendre plus loin, moi je prends un chemin qui monte bien, avec la cavalière pour tester la jument au galop. La cavalière est devant moi sur son immense cheval de CSO, elle prend le trot puis le galop. Ma jument part comme une furie, le chemin est étroit, de chaque coté il y a le talus très raide, à droite c’est l’aval, à gauche c’est l’amont. La jument parviens à sauter dans le talus pourtant escarpé et doubler le cheval. J’ai le temps de voir la cavalière essayer d’attraper les rênes de ma jument, et de lui hurler, « non mais vous êtes folle vous aller vous tuer, laissez la  faire ». La jument double le cheval et revient sur le chemin, elle court à fond la caisse mais ne semble pas folle ou trop dangereuse. Arrivé en haut elle s’arrête d’elle même. On rentre dans le calme. Je dis à la vendeuse que la jument n’est pas ce que je cherche que je veux un cheval plus posé. Je vais pour rentrer chez moi, mais elle me dit qu’elle en a d’autre. Il y a la pie que j’ai vu ce jour là, que l’autre cliente ne semble pas décidé à acheter. Elle a 5 ans, est très calme, elle a déjà fait du club, elle a plus d’expérience en carrière qu’en extérieur, mais elle va déjà bien dehors. Elle doit aussi en faire venir une autre de 6 ans qui a plus d’expérience en extérieur.
Je reviens donc le week end suivant. L’autre jument est … mais oui grise !!!! Ceci dit la pie alezane a beaucoup de blanc, donc je n’aime pas trop, mais le peu de couleur qu’elle a est alezan brulé, donc ça j’adore de plus elle a une très jolie tête légèrement arabisé. J’essaie les deux en carrière, la pie s’incurve un peu dans les angles, alors que la grise ne comprends pas trop ce qu’elle fait là. Pour la pie elle me donne une cravache car elle est bien molle. Bon en carrière la pie va un peu mieux, mais ce n’est pas non plus l’euphorie. On part en balade. La vendeuse monte son cheval et la cavalière qui nous avait accompagnées l’autre fois monte une des juments. Je commence sur la pie. La cavalière se marre ça faisait longtemps qu’elle n’était monté sur un cheval aussi petit, mais elle trouve que la jument grise avance avec volonté et sans peur. On fait du pas, un peu de trot. Puis on change de jument, je monte la grise. On arrive au chemin de galop en montée où je m’étais fait embarquer l’autre fois. La cavalière sur la pie est derrière moi, la vendeuse devant. La vendeuse prend le trot, ma jument se dit « ha on trotte, d’accord, j’y vais », mais elle fait bien attention d’enjamber correctement les racines. Puis la vendeuse prend le galop, ma jument se dit « ha on galope maintenant, d’accord, j’y vais ». Le grand cheval de la vendeuse va plus vite que ma jument, l’écart se creuse, ma jument voit ça et se dit « ha, en fait on galope plus vite, d’accord j’y vais », elle allonge progressivement le galop, jusqu’à ce que l’écart arrêt de se creuser, mais c’est tout, elle reste loin derrière l’autre cheval avec son galop un peu plus allongé mais très calme. Elle rejoint tranquillement l’autre cheval, et là je me dis « hou voilà un très, très bon point pour elle ». On rentre calmement, j’hésite quand même longtemps entre les deux.
Je me décide finalement pour la grise, son absence esprit de compétition, fait partie des critères qui ont fait basculé la balance. Je reviens la semaine suivant avec mon mari et l’amie qui était déjà venue voir le pie de Savoie. Je leur dis que la jument est bien est calme mais qu’en carrière elle galope très vite, je ne comprends pas pourquoi. Lorsque je la mets au galop dans la carrière, mon mari me dit « je n’ay connais rien en chevaux, mais elle ne va pas vite ». Mon amie se marre et me dit « elle ne va pas vite, mais elle manque d’équilibre et se couche dans les virages, alors tu es secouée dessus ». La jument se comporte bien alors on va faire le teste en extérieur toute seule. Je ne sais pas si j’ai envie que ça marche. J’en ai marre de tous ces essais et tous les chevaux que j’ai vu avant ont été des déceptions, mais elle, bof… elle n’est pas belle, pas marante, pas classe, pas câline… C’est juste qu’elle na pas de gros défaut… En balade ça se passe bien, elle regarde tout au cas où, mais ne semble pas avoir peur. Je pars volontairement dans des rues du village qui sont des culs de sac, comme ça je me dis qu’elle n’a jamais du y aller, elle reste tranquille. Bon ben voilà ce sera elle, je rentre quelques jours plus tard elle passait la visite véto et elle était à moi.
Une jument indépendante, avec son caractère, pas difficile car pas dominante, mais pas facile car têtue et qui a parfaitement conscience de n’avoir besoin de personne. Pas une « bonne » jument de loisir, car aucune motivation pour le jeu et la nouveauté, tout doit être travaillé et préparé, mais avec un travail sur la confiance et le respect, on progresse. Une excellent jument de rando : le pied sur, s’économise, ne se met jamais en danger, même dans un près avec des barbelés, des trous, de l’électricité, un point d’eau difficile d’accès. Des débuts en carrière difficile avec des moniteurs qui ne savaient pas comment prendre cette jument sans impulsion, ça prenait la voie « cravache éperons » jusqu’à la rencontre avec un moniteur qui a tout changé, qui m’a montrer  comment on peut faire trouver du confort dans le travail même au cheval le plus déterminé à économiser son énergie du monde !
Bref après toutes ces aventures je n’ai pas trouvé le cheval de mes rêves, (mais je n’avais pas on plus un budget à rallonge,) mais j’ai trouvé le cheval de ma vie. Et je crois qu’elle n’a pas trop à se plaindre non plus de la vie que je lui offre.

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